Fonoteca nazionale svizzera 
L’histoire d’un pourquoi

L’histoire d’un pourquoi

Zeno Gabaglio - traduction Gianluigi Bocelli, 30.08.2016

La Phonothèque nationale suisse fêtera son 30e anniversaire en 2017. Elle est l’unique archive sonore de notre pays.

Le siège de la Phonothèque est à Lugano, mais — grâce à la plate-forme internet www.fonoteca.ch et à son large réseau de collaborations — ses contenus sont accessibles partout en Suisse. Elle renferme évidemment beaucoup de curiosités, parce qu’elle se veut exhaustive, mais nous allons nous concentrer ici sur les principes et les raisons de son existence. Et pour cela, nous avons rencontré son directeur, Pio Pellizzari.

Pio Pellizzari, la première question, peut-être un peu naïve, est une question de date: 30 ans d’existence, pour une phonothèque nationale, n’est-ce pas peu?
La Phonothèque nationale suisse est en effet la plus jeune d’Europe. En 1987 tous nos voisins avaient déjà — et même depuis un bon moment — des structures appelées «phonothèque», «médiathèque» ou «discothèque». Au point que quand j’ai commencé à travailler à la Phonothèque dans les années 90, la conseillère fédérale Ruth Dreifuss avait dit que dans le domaine de la conservation du patrimoine audiovisuel, la Suisse faisait partie du tiers-monde. Une affirmation provocatrice, bien sûr, mais pas tant que ça si l’on pense que pendant les 80, même des pays comme le Ghana étaient en train de se pourvoir d’une institution audiovisuelle nationale.

Comment est-il possible qu’une nation technologiquement avancée et culturellement attentionnée comme la Suisse soit arrivée avec un tel retard?
Les raisons sont nombreuses et ramifiées. Il y a d’abord un aspect légal: chez nos voisins, il existait une obligation de déposer légalement chaque nouvelle publication, il était donc naturel de créer un lieu préposé au stockage de ce matériel, également pour les enregistrements audio. En Suisse, cette contrainte manque; dès lors, il n’y a jamais eu une activité systématique d’acquisition, de tri et de conservation.

Et d’un point de vue politique?
Durant les années 70, un rapport officiel avait démontré nos grandes lacunes dans la conservation du patrimoine sonore national. Tout le monde était d’accord sur l’urgence de chercher une solution, mais il a fallu presque 15 ans pour la trouver. Un des obstacles principaux était qu’à l’époque, dans la redistribution des rôles entre confédération et cantons, la culture dépendait de ces derniers. C’était à eux de prendre en main le côté culturel, et la Confédération n’aurait jamais pu s’occuper d’une hypothétique phonothèque nationale.

Du point de vue des principes, est-ce que tout le monde était d’accord sur le fait qu’il fallait créer une phonothèque à tout prix?
Oui, même si pendant le 20e siècle, il a fallu du temps pour que les scientifiques et les politiques comprennent que la documentation historique essentielle n’était plus seulement une question de livres et de papiers imprimés. On l’a compris d’abord avec la photo, pour le son ça a pris plus de temps.

Quelle est donc l’importance objective des documents audio?
La conservation du patrimoine sonore d’une nation donne un miroir de son activité culturelle, du développement de sa créativité pendant les époques. Plus généralement, il s’agit aussi de témoigner ce que ses citoyens ont été, comme êtres humains, dans un monde qui se compose aussi de sons. Les valeurs conservées dans une phonothèque sont très variées: de la pure histoire à l’art, des mœurs à la vie sociale.

En revanche, après cette gestation plutôt compliquée, la Phonothèque peut aujourd’hui penser au futur avec sérénité…
Oui, parce que dans une période relativement courte, elle est devenue un important centre de compétence au niveau national et international, en proposant un modèle d’archivage des documents audiovisuels suivi par beaucoup d’autres nations. Ce qui rend aussi la Phonothèque plus que solide, c’est le fait que la Confédération, avec l’accord des Cantons, a pris la pleine responsabilité de la sauvegarde du patrimoine audiovisuel. Depuis janvier 2016, la Fondation de la Phonothèque n’existe plus, et la Phonothèque a été intégrée par l’Office fédéral de la culture comme «Section Phonothèque nationale suisse» de la Bibliothèque nationale.
 


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