Editorial

RMS, 24.06.2015

Pas de quoi danser de joie

 

En 1524, Martin Luther écrivait aux conseillers municipaux de toutes les villes d’Allemagne que les enfants devaient apprendre le chant, la musique et l’ensemble des mathématiques, en plus de la langue et de l’histoire. Les Grecs déjà confiaient l’éducation de leurs enfants à des personnes compétentes. La radio culturelle allemande SWR2 recevait en septembre dernier Jörg Lengersdorf, qui notait que Luther avait imaginé un programme futuriste, et ceci pour trois raisons: «premièrement, les élèves ne doivent pas apprendre qu’à lire et écrire, ils doivent aussi apprendre la musique. Deuxièmement, la musique doit obligatoirement être enseignée à l’école. Troisièmement, un maître d’école qui ne sait pas chanter n’est selon moi pas un maître d’école». 

Presque 500 ans plus tard, nous n’avons pas beaucoup avancé. Après le Conseil des Etats, le Conseil national a heureusement approuvé le Message pour l’encouragement à la culture de 2016 à 2020. Le budget alloué à la culture a pu, comme le proposait le Conseil fédéral, être augmenté de 30 millions de francs par année. Mais à plusieurs reprises, un débat a eu lieu pour savoir si ce budget ne pourrait pas être plafonné au niveau de 2014, comme le réclamait la proposition de renvoi, ce qui aurait rendu impossible la mise en application du programme «jeunesse et musique» et des autres actions d’encouragement à la musique. On n’aurait alors pas respecté la volonté du peuple, qui avait accepté l’initiative «jeunesse et musique» à 72.8% des voix. Le Parlement a donné sa bénédiction au Message culture, à la satisfaction de bien des acteurs culturels. Il ne faut pas en conclure pour autant que tous les aspects de l’initiative sont ainsi satisfaits. Un enseignement musical de qualité à l’école obligatoire n’est pas encore généralisé. Pas de quoi danser de joie. Souvenons-nous que l’alinéa 2 de l’article 67a de la Constitution fédérale est en vigueur depuis le 23 septembre 2012. Il stipule que «dans les limites de leurs compétences respectives, la Confédération et les cantons s’engagent à promouvoir à l’école un enseignement musical de qualité. Si les efforts des cantons n’aboutissent pas à une harmonisation des objectifs de l’enseignement de la musique à l’école, la Confédération légifère dans la mesure nécessaire.»

Je souhaite bien du courage à tous les téméraires qui se battent continuellement pour que cet article 67a soit pleinement respecté. Cela fait 500 ans que nous savons ce que nous avons à faire.

Cordialement

Katrin Spelinova


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