Editorial
Ça ne tourne pas rond
Généralement, on ne souhaite en début d’année que le meilleur, et on envisage le futur proche avec un certain optimisme. J’espère donc, chères lectrices et chers lecteurs, comme vous avez bien commencé l’année et que la roue tourne sans accroc.
Mais nous ne voudrions pas pour autant nous voiler la face: un peu partout, il y a des grains de sable dans les rouages. Les grands problèmes politiques au niveau mondial ne nous laissent pas indifférents; nous nous demandons comment nous avons pu en arriver là et quelles solutions nous pourrions trouver pour que tous les habitants et habitantes de cette planète puissent vivre dans des conditions humainement dignes.
Plus près de nous, et dans notre domaine, il ne fait aucun doute qu’une culture diversifiée et qu’une bonne éducation de base nous aident à mieux vivre ensemble. Pourtant, ces domaines sont trop souvent mesurés uniquement selon des critères commerciaux, contraires à leur essence. La culture et la formation ne peuvent pas être directement rentables. Il existe heureusement encore des institutions dont la mission est d’encourager la culture ou la formation, par exemple la SSR. Celle-ci – comme le dit un article du Corriere del Ticino du 21 novembre 2015, commenté par Maria Masoni dans la NZZ am Sonntag du 10 janvier 2016 – a dénoncé le contrat qui la liait à l’Orchestra della Radio Svizzera italiana (OSI) pour la fin 2017, juste après que l’orchestre s’est installé dans le nouvel espace d’envergure internationale du LAC à Lugano. Selon le contrat en vigueur, la SSR verse à l’OSI un montant annuel de 2 millions de francs (un 800e de son budget annuel de 1.6 milliard, ce montant ayant été réduit de 3.5 millions à 2 millions en janvier 2013). Cette mesure est-elle une des nombreuses restrictions budgétaires de la SSR et respecte-t-elle formellement les délais de résiliation convenus? La question reste posée. Quoi qu’il en soit, elle me fait réfléchir, car l’orchestre ne pourra pas supporter une nouvelle coupure dans son budget.
Au nom de la diversité culturelle de notre pays, je souhaite que la SSR, en tant que service public, se rappelle à son devoir envers la culture: «La SSR n’imagine pas pouvoir exister sans la culture: celle-ci fait partie de sa mission, certes, mais l’entreprise dépasse le cadre programmatique pour s’engager dans nombre de projets culturels», écrit-elle elle-même sur son site web.
Eh bien alors faites-le! A-t-on envie de dire.
Cordialement
Katrin Spelinova