Editorial
Montant du transfert: 1.98 million d’euros
Non, il ne s’agit pas de l’indemnité de transfert d’un footballeur, mais du prix de vente de la partition autographe de la Cantate BWV 20 O Ewigkeit, du Donnerwort de Bach, datée de 1724. C’est pour ce montant que la fondation bâloise Sacher a proposé le manuscrit à l’Archive Bach de Leipzig. Une collecte de dons a été lancée (www.bach-leipzig.de) et il manque encore 500 000 euros aux Leipzigois. S’ils ne parviennent pas à récolter l’entier de la somme d’ici la fin de l’année, la partition restera à Bâle. (Cela dit, les stars du football sont bien plus chères qu’un manuscrit de Bach: Manchester United a récemment payé 105 millions d’euros le transfert de Paul Pogba, 23 ans.)
Il est impressionnant de penser à quel point de l’encre sur du papier peut atteindre une telle valeur, et à en croire la Fondation Bach, le manuscrit en question vaudrait plusieurs fois ce prix. Ce transfert démontre de manière exemplaire l’importance d’un archivage dans les règles de l’art, que ce soit pour des raisons historiques, musicologiques ou économiques. Cette dernière raison à première vue en tout cas pour le vendeur: les bénéfices de la vente vont-ils faciliter l’entretien et l’aménagement de la collection actuelle à Bâle, consacrée aux 20e et 21e siècles? Ou pour l’acheteur? Avec cette acquisition, les parties des voix et la partition elle-même seront regroupées en un seul endroit. Mais cet argument justifie-t-il un sacrifice financier aussi élevé? Cette vente est-elle réellement une situation Win-Win? La question reste ouverte.
Le bon vieux papier joue aujourd’hui encore un rôle important pour l’archivage à long terme. Les documents que l’on imprime et que l’on conserve dans les règles de l’art ont de bonnes chances d’être encore lisibles dans plusieurs siècles. Reste à savoir si nous conservons toujours les bons documents. Probablement que la réponse viendra une fois encore du prix que l’on sera prêt à payer pour un transfert le moment venu.
Cordialement
Katrin Spelinova