Triple Anniversaire au Conservatoire
En 2017, le Conservatoire de Musique Neuchâtelois a célébré en grande pompe un triple anniversaire : la constitution du Conservatoire de Musique de Neuchâtel en 1917, la fondation du Conservatoire de Musique de La Chaux-de-Fonds en 1927 et la création du Conservatoire cantonal en 2007.
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- Photo : CMNE
- Le privilège d’accueillir Ton Koopman a permis aux chanteurs « d’aspirer vers le haut », selon Sylvain Jaccard.
Janaïne Fuentes Corboz — Voilà déjà 10 ans que le Conservatoire de Musique Neuchâtelois est devenu, avec le Conservatoire de La Chaux-de- Fonds, une entité cantonale d’enseignement musical pour l’ensemble du territoire neuchâtelois. Bien que le dixième anniversaire de cette fusion soit une raison suffisante pour célébrer en musique, les festivités organisées par le CMNE durant le mois de novembre font en fait d’une pierre trois coups.
En effet, le Conservatoire de Musique Neuchâtelois fête son premier siècle d’existence depuis la formation le 3 novembre 1917 du Conservatoire et de l’Institut de Musique par quatre musiciens de la région. Depuis lors, l’institution a formé sans cesse les musiciens de Neuchâtel, changeant parfois d’adresse, de nom ou de personnalité juridique, mais gardant toujours la même raison d’être.
De son côté, Charles Faller s’installe dans la région du Locle en 1915 et, désireux d’élargir aussi bien l’offre musicale au public comme la formation musicale, fonde l’Association Musicale, qui conduira à l’ouverture de L’École de Musique en 1927, connue aujourd’hui comme le Conservatoire de Musique de La Chaux-de-Fonds. Les deux institutions se sont réunies en 2007.
Ainsi, ces trois moments-clefs, fondamentaux pour le développement de l’enseignement musical dans la région, coïncident pour célébrer une grande fête-anniversaire. Pour ce faire, le Conservatoire a lancé une invitation à toute la population, professionnelle ou non, à participer de la fête en se présentant à une audition pour former un choeur créé tout particulièrement pour l’occasion. Ce choeur a eu le plaisir de chanter sous la direction du chef de renommée internationale, spécialisé dans la musique baroque, Ton Koopman.
Rassembler autour d’un projet
Sylvain Jaccard, directeur du Conservatoire de Musique de Neuchâtel, explique que la raison de ce projet tient au fait que pour lui « faire la fête d’une institution n’est pas uniquement l’occasion d’une rencontre festive, c’est plutôt un moment pour rassembler les gens autour d’un projet », d’où l’idée d’inviter tous les chanteurs à participer. Ainsi, des personnes issues de toutes les chorales du Canton de Neuchâtel, du Choeur Faller, du Choeur de Colombie, des étudiants de musiques du Conservatoire, des professeurs et des chanteurs amateurs ont été retenus. Ce mélange, selon Sylvain Jaccard, permet de « belles rencontres et de sortir de certaines frontières », entre autres celle des générations, car le plus jeune des chanteurs a 15 ans et les plus âgés 80.
Pour ce projet, Sylvain Jaccard cherchait une autre « belle rencontre ». Il a donc profité à la fin d’un concert de s’approcher de Ton Koopman pour lui parler du projet et l’inviter à en faire partie. Le chef hollandais a tout de suite accepté. « Dans la musique, il faut saisir les occasions et vivre dans le moment », conclut le directeur du conservatoire.
Les oeuvres interprétées par les deux choeurs ont été décidées en conversant avec Ton Koopman. Sylvain Jaccard a proposé le Magnificat de Jean Sébastien Bach, Ton Koopman la Messe du Couronnement de Wolfgang Amadeus Mozart, car tous deux voulaient proposer des oeuvres phares qui attirent le public à la fête. Pour la Messe du Couronnement, le choeur a réuni 200 chanteurs de tous âges et formation. Pour le Magnificat, il s’agit d’un choeur plus restreint et sélectionné plus finement dû à la flexibilité nécessaire dans les voix pour interpréter cette oeuvre. Nombre d’entre eux sont chefs de pupitre de choeurs de la région.
Sylvain Jaccard précise que d’aucuns préféraient ne pas célébrer l’évènement, dû au moment difficile, économiquement parlant, pour le Canton de Neuchâtel. Sa décision « naît justement du fait qu’il faut célébrer pendant les moments difficiles et montrer à la population que le conservatoire est important. En plus, le fait que l’un des tout grands chefs actuels nous rejoigne nous permet d’aspirer vers le haut, de répondre avec un excès de zèle. C’est un message fondamentalement humain et vivant. » Aussi, après plusieurs mois de préparation, les chanteurs dirigés par Ton Koopman se sont présentés le dimanche 5 novembre au Théâtre Populaire Romand de La Chaux-de-Fonds, accompagnés par l’orchestre du CMNE.