Conférence romande de l’ASEM à Leysin
A l’invitation de l’ASEM pour la traditionnelle conférence des directeurs romands, une vingtaine de personnes se sont retrouvées à Leysin le 4 décembre dans les locaux de la « plus haute école de musique vaudoise ».
Anne Dinkel — Les participants ont été accueillis par Helga Loosli, du comité de l’ASEM, et Jean-François Cuérel, directeur de l’Ecole de musique. Le conférencier Mathieu Menghini a conduit la réflexion sur les sentiers de la participation culturelle. Après une formation en littérature, sciences politiques et histoire, Mathieu Menghini a travaillé dans la diffusion culturelle, en particulier à la Lanterne Magique, au Théâtre du Crochetan et au Forum Meyrin. Il enseigne depuis 2010 à la Haute Ecole de Théâtre et à la Haute Ecole Sociale.
La participation culturelle peut être déclinée en plusieurs volets : tout d’abord, un regard social sur les enjeux du discours sur la culture. Cette dernière vit dans un danger relatif, car elle doit à la fois se justifier, intéresser largement et rester de qualité. Nous venons de vivre une période de 40 ans de démocratisation culturelle, qui connaît un échec relatif. Ce constat peut inspirer trois chemins différents : abandonner toute velléité de démocratisation ; quitter la politique de l’offre pour celle de la demande, ce qui implique de soutenir ce qui est souhaité ; défendre la vision que l’art et la culture sont porteurs de vertus individuelles, collectives et citoyennes et que par conséquent ils doivent être largement diffusés.
Une compréhension historique permet d’étendre notre perception du rôle que peut jouer la culture. Si on remonte jusqu’à la préhistoire, dont Lascaux est un exemple magnifique, l’art représentait des éléments dépassant la compréhension humaine et avait un rôle de pouvoir magique : il permettait de maîtriser les angoisses. Plus tard, au 5e siècle av. J.-C. à Athènes, on assiste au développement parallèle de la démocratie, de la médecine et du théâtre. L’art cherche à expliquer les causes et les conséquences, et joue un rôle social, civique et politique : il pose des questions. Au siècle des Lumières, l’art devient indispensable en soi : il permet des transgressions, il révèle un faire et un penser autrement.
Pour aujourd’hui, si on est convaincu que l’art est un enjeu et une vertu, il ne faut surtout pas abandonner la démocratisation culturelle, mais empoigner ce qu’on peut appeler la deuxième génération de cette démocratisation : la « participation culturelle et sociale ». La démocratisation passe aussi par la défense du principe d’égalité, et le respect des différentes manières d’habiter, de comprendre et de vivre la culture. Mathieu Menghini illustre son propos par plusieurs exemples concrets, échanges avec les milieux des migrants, participation de toute une ville ou un quartier à un projet, ateliers artistiques pluridisciplinaires… Cet engagement concerne aussi les écoles de musique. Il faut faire passer le message que nos institutions et le travail qu’elles font concernent tout le monde ; elles participent à la vie et à ses priorités, elles ont un rapport avec la société, avec nos existences : en bref, la culture est citoyenne. Pour conclure, cette citation de Bertolt Brecht : « Tous les arts contribuent au plus grand de tous : l’art de vivre ».
Pour clore cette matinée riche en enseignements, les participants ont pu échanger autour d’un apéritif, puis d’un repas, généreusement offerts par le syndic et la Municipalité de Leysin.