La prise en charge de la dystonie de fonction
La dystonie de fonction ou « crampe du musicien » est un trouble fonctionnel indolore qui se caractérise par des contractions musculaires involontaires soutenues. Le traitement comprend une rééducation physique et un accompagnement psychologique.
Le traitement comprend la rééducation de la posture globale, de l’équilibre de la main, à l’instrument et les analyses psychologiques pour diminuer l’anxiété et le besoin obsessionnel.
Marianne, 40 ans, professeur de piano dans un Conservatoire, souffre d’une dystonie de fonction de la main droite. Angoissée et agressive envers son entourage, elle supporte mal de ne plus pouvoir jouer, d’autant plus qu’au niveau professionnel elle doit cacher son handicap pour ne pas perdre son poste. Elle s’efforce de « compenser » son jeu avec la main droite, ce qui augmente encore son stress.
Sa dystonie a commencé à la naissance de son fils : un grand bonheur pour elle, mais qu’elle ressent comme une obligation de perfection à l’égard de son bébé. Elle n’ose plus faire de la musique pour elle-même, de peur de voler du temps à son enfant.
Le corps de cette patiente est « tassé », sa tête projetée en avant et ses bras sont en rotation interne, par faiblesse de la ceinture scapulaire. La voûte de sa main droite est effondrée ; le pouce, en adduction, provoque un resserrement de tous les métacarpiens, ce qui diminue la liberté de mouvement. La main de la patiente se trouve dans une inclinaison radiale en hyperpronation, avec une flexion accrue du poignet. Il y a dès lors déséquilibre entre muscles intrinsèques et extrinsèques.
La rééducation physique combinée à la psychologie analytique augmente les chances de guérison. En effet, l’hormone de stress, l’adrénaline, bien présente dans les sentiments de contrainte, provoque des rétractions musculaires. Le lien entre l’état physique et l’état psychique s’avère donc capital pour la liberté de mouvement.
Après environ 18 mois de rééducation pluridisciplinaire, Marianne prépare un concours qu’elle réussit, véritable épreuve initiatique qui lui permet de retrouver confiance en elle. Elle revient à un état psychique de bonheur libre de contraintes qui lui ouvre à nouveau le sentiment du sacré. Par une concentration intense comme un état de méditation, Marianne se reconnecte à cette dimension spirituelle indispensable à la liberté de sa main, chaque fois qu’elle se met au piano. Elle ressent une grande jouissance intérieure. Elle s’offre alors le plus grand cadeau de cette fin de rééducation par un rêve symbolique qui la conforte dans sa nouvelle approche.
Rêve de la patiente : « Je suis dans un cercueil. Des bébés-enfants, comme de petits anges, viennent autour de moi, me piquent et me pincent gentiment en riant beaucoup. Ils veulent me réveiller et me faire réagir, me faire retrouver la vie. Puis ces petits angelots prennent le cercueil et s’envolent avec moi jusqu’au ciel, où ils rient tellement fort que je suis obligée de rire, de sortir du cercueil, de voler aussi. Je me sens complètement libérée. »
Ce rêve met en évidence sa transformation. Dans les rêves d’initiation, on trouve une phase de mort qu’il faut affronter et qui ouvre sur une vie nouvelle. Par le symbolisme du rêve : enfants, anges et partage joyeux, Marianne retrouve la faculté de jouer et le plaisir de la musique.
Aude Hauser-Mottier
Physiothérapeute – Musicienne
Analyste jungienne
> aude.hauser@hin.ch
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